Dissémination précoce de cellules métastatiques
Jusqu’à peu, le dogme prédominant en cas de cancer colorectal stipulait que les métastases naissaient d’un clone mineur au sein de la tumeur primitive qui accumulait des altérations génétiques additionnelles.
A un moment donné, ces mutations surajoutées rendraient les cellules capables de disséminer et de s’établir à distance. Toutefois, des chercheurs de la Stanford University of Medicine viennent de démontrer que cette colonisation métastatique peut survenir très précocement, à un moment où la tumeur primitive n’est même pas encore suffisamment développée pour être détectée sur le plan clinique, soit lorsqu’elle mesure moins de 0.01 cm 3 .
Pour arriver à cette conclusion, le groupe de recherche à Stanford a analysé le génome tumoral de biopsies en provenance de 21 patients (évaluables) atteints de cancer colorectal métastatique avec métastases dans le foie ou le cerveau. Dans leur recherche, les chercheurs ont soigneusement examiné les similarités et les différences entre les échantillons de biopsies en provenance de la tumeur primitive et des métastases cérébrales et hépatiques. Dans une seconde étape, les scientifiques ont construit une sorte d’arbre évolutif phylogénétique pour chaque patient.
En analysant méticuleusement ces arbres phylogénétiques de mutations, les experts ont révélé que chez la plupart des patients, soit chez 17 des 21 patients évaluables, les tumeurs métastatiques étaient issues d’une seule cellule ou d’un petit clone de cellules avec des mutations similaires et très agressives, qui se sont détachées de leur tumeur primitive à un stade extrêmement précoce pour s’implanter en périphérie. En outre, ces cellules affichaient un profil de mutations génétiques qui ressemblait beaucoup plus à celui de la tumeur primitive qu’à celui de cellules environnantes au sein de la métastase.
Selon le Prof. Christine Curtis, l’auteur principal de cette publication, tous les cancers colorectaux ne donnent pourtant pas lieu à des métastases. Il est donc essential de bien comprendre les différents processus cellulaires qui incitent ou préviennent la survenue des métastases. D’où le grand intérêt de bien appréhender le profil génomique de la tumeur primitive dans le cadre du cancer colorectal, a souligné le Prof. Curtis.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31209394
Référence: Hu Z, Ding J, Ma Z, Sun R, Seoane JA, Scott Shaffer J, Suarez CJ, Berghoff AS, Cremolini C, Falcone A, Loupakis F, Birner P, Preusser M, Lenz HJ, Curtis C. Quantitative evidence for early metastatic seeding in colorectal cancer. Nat Genet. 2019; 51: 1113-1122. doi: 10.1038/s41588-019- 0423-x. Epub 2019 Jun 17.