La procrastination aurait-t-elle une base génétique ?
Nombreuses sont les personnes qui ont tendance à procrastiner, c.-à-d. à remettre à plus tard ce qui pourrait être réalisé tout de suite. Cette tendance pourrait reposer sur une base génétique, selon les auteurs d’une étude publiée le 3 juillet 2019 dans le Journal de Social Cognitive and Affective Neuroscience.
L’élément clé qui entraîne les personnes à effectuer une tâche directement repose sur la capacité à initier des mécanismes de contrôle à la fois cognitif, motivationnel et émotionnel. Ces mécanismes de « mégacontrôle » semblent dépendre de la signalisation dopaminergique. Les auteurs de la publication se sont focalisés ainsi sur le gène de la tyrosine hydroxylase (TH). En fonction de l’expression de ce gène, le cerveau des sujets contient en effet des quantités divergentes du neurotransmetteur dopamine.
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné 278 adultes, en bonne santé, et les ont soumis à des tests de mise en action suite à la prise de décision. Ce faisant, ils ont montré que le génotype TH était influencé par le sexe. Les femmes porteuses de l’allèle-T avaient des scores d’action plus bas et étaient plus susceptibles de procrastiner. En parallèle, ces femmes avaient une activité TH plus élevée et des taux de dopamine plus élevés, ce qui augmenterait leur propension à procrastiner.
Selon l’hypothèse des auteurs, une activité TH plus élevée et, ainsi, des taux de dopamine plus élevés, comme observés chez les porteurs de l’allèle-T, conduiraient à une augmentation des informations contextuelles traitées par la mémoire de travail. Il en résulterait une tendance à la procrastination. Quant aux implications cliniques, il serait néanmoins intéressant d’évaluer la relation entre l’activité des gènes, notamment celle de la TH, et la tendance à la procrastination chez des patients atteints d’une déficience chronique en dopamine, comme dans la maladie de Parkinson.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31269206
Référence: Schlüter C, Arning L, Fraenz C, Friedrich P, Pinnow M, Güntürkün O, Beste C, Ocklenburg S, Genc E. Genetic Variation in Dopamine Availability Modulates the Self-reported Level of Action Control in a Sex-dependent Manner. Soc Cogn Affect Neurosci. 2019 Jul 3. pii: nsz049. doi: 10.1093/scan/nsz049. [Epub ahead of print]